jeudi 29 juillet 2010

Le magasin des suicides

Je viens de me faire un livre intitulé "Le magasin des suicides" par Jean Teulé. En 4ème de couverture, une critique élogieuse du truc en disant : "[...] une fable déconcertante, grinçante et irrespectueuse, digne des Monty Python au mieux de leur forme [...]" (mouais). Pour résumer, c'est l'histoire d'une famille de névrosés (des parents lugubres, des enfants emos) qui tient un magasin qui vend des trucs pour se foutre en l'air mais l'arrivée du petit dernier chamboule tout étant donné que c'est un vrai chérubin qui répand la joie de vivre. Je vous en parle mais en évitant autant que possible de spoiler (si vous avez envie de le lire après ça).

Tout d'abord, l'humour est pas mal, noir, mordant et sans pitié. Le suicide est devenu légalisé et une pratique courante, banale (un peu comme l'Endjoy à Zalem dans le manga Gunnm). On devine que ça se passe dans le futur, les sociétés ayant l'air d'avoir fusionné, nos habitudes du XXIème siècle décrites comme anciennes... Les religions aussi d'ailleurs, et elles ne sont pas épargnées par l'ironie du texte (ex: les voleurs de la tour Bouddha). Pour le principe d'un humour noir et de tournage en dérision d'un sujet grave je dis yes mais le reste, je ne l'ai pas trouvé folichon. Et en plus on a 1 ou 2 scènes "croustillantes" (enfin faut lire entre les lignes un peu), qui n'étaient pas tellement utiles à mon avis.

Premièrement, l'écriture, j'adhère pas trop. D'ailleurs c'est "à la manière de Jean Teulé" que j'écris cet article de blog en ce moment. L'oralité rend bien, quand ce sont les personnages qui parlent ou pensent, mais pas quand c'est le narrateur omniscient. Exemple :
"la cliente saoulée par ces énumérations ne sait plus que penser"
"Marilyn chiale à nouveau"
"elle aurait bien écouté, elle, la suite des news"

Deuxièmement, "l'onomastique". Je trouve que les personnages ont des noms pourris : Mishima Teuvache, Lucrèce, Vincent, Marylin et Alan. J'avoue ne pas avoir compris la référence avec Lucrèce. La référence avec Mishima (l'écrivain japonais) est assez drôle surtout que le père s'entoure de l'ambiance "seppuku" (hara kiri pour ceux qui ne savent pas) mais Vincent l'artiste et Marylin la bimbo caricaturent un peu trop leurs homonymes célèbres et réels.

Troisièmement, le personnage d'Alan lui-même. Extrêment positif, il aurait pu être attachant mais au contraire il paraît extrêmement attardé et innocent même s'il a toute conscience de la mort. Mais je pense que c'était intentionnel de la part de l'auteur.

Les bons points se trouvent dans les détails, les petites phrases cyniques et ce qui concerne la vie domestique. On a l'impression que le futur est moche, que le métissage ça n'a mené à rien (ni mieux ni pire) et que le mal-être une maladie de l'évolution ultime de la société. L'histoire commençait bien mais on ne sait pas trop où on va, malgré ça, on s'y attendait un peu à la fin. D'ailleurs Alan et la fin du livre me font vraiment beaucoup penser à "Tistou et les pouces verts" de Maurice Druon (de l'Acââdémie française), que je n'ai pas tellement aimé (même personnage naïf et angélique).

A vous de vous faire votre avis. Il y a un dessin animé qui va sortir dans quelques mois et je pense que ça passera mieux, car l'écriture est dans le fond, très graphique et dynamique.