mardi 28 décembre 2010

Faites le Mur, un film de Banksy

Une grosse crève me clouant chez moi, je suppose que j'ai le temps pour mes élucubrations cinématiques d'autant plus qu'étant bénévole dans un cinéma j'ai la possibilité de voir beaucoup de films... Je me sens investie d'une mission d'utilité publique (*auto persuasion*) !

Le film de ce soir sera, vous l'aurez compris, celui de Banksy soi-disant sur le street artist Thierry Guetta aka Mr Brainwash. Pourquoi soi-disant ? Parce que le personnage excentrique de MBW est un peu gros. Pas par l'embonpoint mais par son "existence". Pour authentifier ce monsieur français qui a vécu son rêve américain à fond (revendre des vêtements vintages à 300% de leur prix aux bobos chics de L.A.) on nous montre des images d'archives familiales qui ne peuvent pas remettre en cause qu'il existe bel et bien, qu'il habite aux USA et qu'il est marié à une charmante femme (pas nommée Cathy heureusement).

Le film est présenté comme un documentaire sur ce personnage donc. De son intérêt à filmer, en passant par sa découverte des graffitis et finissant sur sa propre ascension dans le milieu appelé désormais "street art", avec comme élément déclencheur sa rencontre avec Banksy. Tout d'abord Thierry Guetta se contente de suivre les graffeurs comme leur ombre (leur tapant sur les nerfs souvent) durant leurs périples nocturnes ce qui lui permet de nouer des contacts au fil des rencontres, à commencer par son "cousin" le fameux Space Invader... Le film est truffé de détails gros comme des maisons qui décrédibilisent TG tout en mettant en valeur les autres artistes. Tiens d'ailleurs je trouve ça bien trouvé comme nom, Space Invader puisqu'il s'approprie les murs privés comme supports pour ses mosaïques, même jusque Rennes !

Je pense que le hoax, l'imposture, a eu lieu dans le secret et que le résultat est un film "foutage de gueule" pour la bonne cause. Le "documentaire" est fait de telle sorte qu'on y croie car il y a beaucoup d'éléments véridiques comme certaines images inédites sur les activités des artistes (par exemple la réserve de faux billets à l'effigie de Lady Di de Banksy ou la réalisation de la cabine téléphonique couchée) ou des aperçus très chouettes sur les "œuvres". Le moment où j'ai commencé à douter c'est justement l'histoire de la rencontre avec Banksy : un graffeur appelle TG tout d'un coup comme ça pour emmener Banksy sur les bons spots, ensuite TG lui offre un portable pour le joindre etc. Là où j'ai été convaincue c'est quand TG a eu son accident d'échelle alors qu'il préparait son expo. D'autres éléments sont plutôt humoristiques comme lorsque l'assistant se plaint, ou alors lorsque MBW négocie le prix exorbitant de ses toiles ou encore lorsque qu'il réalise des sérigraphies "uniques" au fauteuil roulant.


Le film documentaire moqueur est plus profond qu'il n'y parait et possède plusieurs niveaux d'interprétation. D'abord une réflexion sur la définition de l'Art, ici on ne parle pas du vulgaire graff' mais d'un moyen d'expression artistique avec une vraie démarche esthétique, pas de tags dégradant des murs urbains déjà laids. Mais est-ce que cela peut pour autant rivaliser avec Raphaël ou émouvoir les foules comme une œuvre majeure et universelle ? Justement, une autre question est soulevée, c'est celle des clients. Dans le film on montre ostentatoirement les Angelina Jolie et autres Jude Law en tant qu'amateurs "d'art underground" ou de riches s'encanaillant avec des "collections" Banksy. Alors, on achète pour faire cool ?

La question de l'authenticité est bien entendu omniprésente, avec TG et aussi au niveau des œuvres elles-mêmes d'ailleurs. Un pochoir ça se copie, un graffiti c'est anonyme, un style graphique ça s'imite, une photocopie ça se duplique... Banksy et un autre artiste, Shepard Fairey disent d'ailleurs de MBW qu'il s'est inspiré voire copié tous les styles graphiques rencontrés au cours des année et en a extrait le sens/l'essence. Alors démarche artistique ou nouveau Banksy cheap ? Ce que je trouve un peu euh, con c'est qu'au début du film Banksy (si c'est lui) nous dit "faire un film sur un mec plus intéressant que lui" alors qu'à la fin il le reconnait comme n'étant rien (ou alors un lointain héritier de Warhol). Formule détournée pour s'autovaloriser ? Tiens, d'ailleurs dans le film MBW n'effectue même pas lui-même les travaux. Lui, il a l'idée, c'est déjà pas mal... A moins que derrière MBW se cache vraiment un collectif ?

Le dernier aspect artistique questionné n'est pas nouveau mais prend encore plus de sens ici, il s'agit de la réflexion sur la célébrité rapide et l'étiquette "artiste" collée elle aussi rapidement depuis que l'Art est devenu moderne. Faire le plasticien dans la rue suffit-il pour se définir comme street artist ? Utiliser et détourner des graphismes déjà connus suffit-il pour se définir comme artiste controversé ?

Sinon du point de vue graphique et esthétique, j'ai quand même bien aimé le film. Pas par la façon dont c'était filmé (le côté caméra embarquée par TG me donne mal à la tête) mais plutôt par les aperçus graphiques. Le film, lui, énerve et certains conseillent même, à défaut de faire le mur, de faire l'impasse (Télérama)...

En tout cas, moi je découvre Banksy, même si je connaissais de loin son travail je n'avais pas de nom à mettre dessus. Je trouve son travail recherché et esthétique, et "rock"... J'ai une petite pensée émue pour l'artiste qui peint les ombres des lampadaires ou des bancs publics, c'est... c'est ... poétique d'un instant "T".

Image du milieu prise dans le supplément gratuit Beaux Arts.

Ah oui ! Et bonne année 2011 !

vendredi 26 novembre 2010

Outrage アウトレイジ

Le nouveau Kitano ! Sorti ce mercredi en France, il avait été sélectionné pour le festival de Cannes cette année ! Je vous mets le synopsis officiel :

Dans une lutte impitoyable pour le pouvoir, plusieurs clans yakuza se disputent la bienveillance du Parrain. Les caïds montent dans l'organisation à coups de complots et de fausses allégeances. Otomo, yakuza de longue date, a vu évoluer ses pairs: des tatouages élaborés et des phalanges sectionnées, ils sont passés à la haute finance. Leur combat pour arriver au sommet, ou du moins survivre, est sans fin dans un monde corrompu où règnent trahison et vengeance. Un monde où les héros n'existent pas...

Vous avez ici un fidèle condensé du film, sans spoiler. Vous devinez qu'il s'agit cette fois d'un Kitano violent ! Pour l'instant j'ai lu beaucoup de critiques assez moyennes de ce film, voire même des avis de personnes ne l'ayant pas du tout aimé ! Trop violent, trop détaché. Laissez-moi vous dire ce que j'en pense moi.

Le film est violent c'est vrai, les sévices (voire tortures) ne sont même pas suggérés mais complètement montrés. C'est tellement violent et sadique que l'on se dit qu'ils ne vont pas vraiment le faire, mais en fait si, ils le font et cela a l'air aussi douloureux que l'on peux se l'imaginer. C'est violent et on sait que ça ne s'arrêtera pas, mais ces scènes sont rapides, sans états d'âmes. Dans ce film il n'y a pas de héros mais que des méchants, il n'y a personne à qui l'on puisse s'attacher et en qui avoir de l'espoir (en comparaison, Shinjuku Incident avec Jackie Chan paraît idyllique). Même Kitano que l'on croit placide pendant une bonne partie du film reste un bon yakuza à l'ancienne. Justement, pratiques dépassées et nouvelles tactiques se confrontent dans le film, malgré que l'on puisse reprocher un film sans histoire ou sans issue, on sent bien un monde de yakuza en évolution. Dommage pour tous ces doigts coupés mais, cela ne se fait plus...

Le yakuza ambitieux écrase le yakuza fidèle de qui on profite. Otomo (Kitano) est le yakuza fidèle qui croit au clan, dont le chef du clan supérieur au sien (Ikemoto) se sert comme un élément tactique dans une conquête de territoire et de nouveaux marchés tout en faisant semblant de collaborer avec Murase, un clan extérieur qui aimerait intégrer le Sanno-kai. Le film s'intitule Outrage car les clans sont rentrés dans un cercle infernal de vengeance après un incident provoqué dans un bar à filles (kyabakura キャバクラ). Les filles dans le film ne servent d'ailleurs à rien, comme des éléments de décor à écouter des histoires de yakuza, de même la femme d'Otomo s'offusque à peine lorsqu'il la menace de mort avec détachement.

Comme à son habitude Kitano parait placide voire un peu ailleurs dans ses films, les représailles sont toujours exécutées par ses hommes en apparence fidèles. Ce que j'ai trouvé cocasse c'est que son nom dans le film est Otomo 大友 qui se compose des kanji "grand"et "compagnon", il reste impassible obéissant sans réfléchir aux ordres, seul des tics/tocs faciaux trahissent sa nervosité. De façon assez drôle, la surenchère l'entoure, les autres yakuzas sont au contraire assez nerveux et utilisent leur parler spécifique jusqu'à ce qu'on ne distingue plus qu'un concours de roulements de "R" continus. Le sentiment de piège qui se referme se matérialise par les endroits confinés : lieux interlopes, bureaux de yakuzas, voitures dans lesquelles on tue, par habitude...

A noter, le personnage de l'ambassadeur africain du Gnaban, un peu bêta et dépassé mais impressionnant par sa maitrise de la langue japonaise !

Pour finir, ce film ne marquera peut-être pas l'histoire du cinéma mais sûrement les esprits sensibles. Avec un regard décalé on peut même en rire... Kitano fait du Kitano, délibérément.

mardi 7 septembre 2010

Teahouse of the August Moon - La petite maison de thé

C'est en lisant un document sur Okinawa dans le cadre de recherches pour un mémoire, j'ai découvert un film américain datant de 1956 dont le sujet était l'occupation américaine dans cette région. Sous ses airs de comédie légère sur des autochtones légers se cache une vraie satire et une compréhension profonde de la situation. Ce qui est encore plus rare c'est le sentiment pro-japonais qui se dégage du film, réalisé pas si longtemps après la seconde guerre mondiale.

Le film a été tourné à Okinawa avec des acteurs américains et des okinawais authentiques... sauf Marlon Brando. Même si l'on en parle souvent comme une erreur de casting (miscast), je trouve cet acteur bluffant dans le rôle de Sakini, interprète flegmatique mais dégourdi. Brando est un acteur "méthodiste" (method acting) ou plus précisément un adepte de la méthode Stanislavski et s'est donc selon la légende (et Wikipedia) imposé un entrainement de plusieurs semaines sur place pour obtenir des gestes, des postures et une façon de parler authentiques. Mais surtout s'est entrainé à porter le "maquillage jaune" (yellowface), c'est à dire la technique d'asiatisation hollywoodienne pour rendre "jaunes" les acteurs blancs américains interprétant des chinois ou des japonais etc. La technique existe aussi pour les noirs (blackface) et je vous renvoie aux questions de "White washing" et de "Slanted racism". Pour en revenir à Brando, interpréter Sakini était l'occasion de s'affirmer et de montrer qu'un bon acteur doit être capable de tout jouer même quelqu'un d'une autre race et je pense qu'il a contribué à cette légende de l'acteur universel transcendantal naturellement doué, modèle qui perdure encore aujourd'hui.

A présent le film. Pour faire court : Fisby, un jeune capitaine du service psychologique de l'armée, sensible et intelligent mais inadapté, est chargé de démocratiser le village de Tobiki mais se trouve séduit par les coutumes des habitants, et les aide à construire une maison de thé à la place de l'école prévue par le plan B...

Le film se joue entre 2 niveaux, d'une part l'américanisation et d'autre part l'acceptation/profit tiré par les okinawais de la situation, mais aussi, cohabite un troisième niveau plus subtil concernant la différenciation Okinawa/Japon incarné par la jolie geisha. Le choc des cultures nous est d'ailleurs introduit philosophiquement dès le début, Okinawa ou royaume des Ryukyus ayant été tour à tour investie par des pirates chinois, missionaires anglais, shogun japonais et soldats américains.

"La culture s'est apportée à nous. Pas besoin d'avoir quitté la maison pour ça." médite Sakini, vêtu de son jinbei en lambeaux.

Le film est plein de petits sarcasmes et de caricature surtout à l'encontre des américains : la profusion de panneaux indicateurs, l'insistance pour une école en forme de pentagone et le plus drôle, lorsque le colonel Purdy III fait remarquer à Sakini (toujours habillé de haillons) qu'un employé de l'armée américaine doit porter une tenue correcte, c'est à dire les chaussettes remontées jusqu'à mi-mollet.

Même si les insulaires sont décrits comme passifs, paresseux et non civilisés, ils sont à l'origine de tous les mots d'esprits du film tandis que les américains, sensés être "extrêmement civilisés" et messagers de la démocratie (mission que se donne les USA depuis 200 ans), se font manipuler doucement et retourner leurs principes contre eux. D'ailleurs le modèle qu'ils proposent devient vite une parodie servie par des incompétents, par exemple au moment de l'élection municipale à Tobiki, les femmes du village réclamant la même "discrimination" que pour la geisha etc.

"Elle dit que vous leur avez promis que tout le monde serait égal, boss"
"1. Des trucs rouges pour mettre sur les lèvres comme la geisha. 2. Des trucs qui sentent très bon."

La geisha est d'ailleurs l'élément perturbateur du bon fonctionnement de la démocratie (elle n'est apparemment pas à son premier sabotage). Elle incarne la véritable culture japonaise, qui est pour les okinawais la vraie civilisation. Elle fini d'ailleurs par donner des cours aux femmes de la ligue. Le modèle américain proposé consiste à chercher des choses à fabriquer et à vendre, l'industrialisation, singer un mini gouvernement et une école pour américaniser les petits japonais. Alors que ce que veulent vraiment les habitants de Tobiki c'est le syncrétisme de l'élégance, la subtilité de la culture japonaise avec celle de la tradition d'Okinawa. Ce que fait remarquer Sakini en disant que ce que les gens veulent n'est pas une inutile école en forme de pentagone, mais une vraie maison de thé qui leur donnerait un certain prestige comme à la ville.

Le capitaine Fisby peu à peu comprend et respecte les coutumes japonaises au-delà du stéréotype comme le montre la scène dans laquelle Sakini lui explique le rôle d'une geisha, qui est plus celui d'une dame de compagnie qu'une courtisane. Il est totalement séduit et se prend tellement au jeu des traditions locales qu'il va même jusqu'à vêtir sa robe de chambre en guise de kimono ou encore prendre plaisir à regarder le soleil se coucher. Et lorsque que le capitaine Mc Lean est envoyé afin de vérifier la bonne marche de la démocratie, Fisby réussit même à le convaincre et trouve un moyen de le faire rester (un potager bio expérimental qui peut être d'une certaine façon une variante du paradis pastoral cher aux américains).

Fisby pensait que c'était une coutume de paresseux, mais il a finalement appris à contempler la beauté de la fin du jour.

La scène de la maison de thé est surprenante. On nous montre les danses traditionnelles d'Okinawa suivies de la danse de la geisha sans distinction mais plutôt comme une unité (ce dont se targue Okinawa c'est bien l'assimilation de cultures). Mais lorsque vient le tour des Américains, ils n'arrivent qu'à montrer un chant convivial mais qui reste tout de même d'un niveau peu élevé. D'ailleurs, lorsque que les villageois ont tenté de vendre leur produits artisanaux les américains leur ont rit au nez, ne s'intéressant qu'au brandy fait maison avec des patates douces (à noter que la vodka se fait aussi avec des pommes de terre).

L'ouverture de la maison de thé est le point culminant du film, c'est lorsque l'on croit que les okinawais ont pu obtenir ce qu'ils voulaient que le colonel Purdy découvre tout et demande la destruction immédiate de ce qu'il croit être une maison de débauche. Tout s'arrange évidemment, les okinawais étant plus malins et s'arrangeant pour faire croire à l'envahisseur sa résignation.

La conclusion du film est que Tobiki est devenu un exemple d'intégration, ce qui est quand même un comble car ils sont déjà chez eux mais je pense qu'il faut surtout le comprendre comme terrain d'union ou compromis entre culture autochtone persistante et règles du vainqueur. L'histoire entre Lotus Blossom (la geisha) et Fisby représente bien cela, ils peuvent s'entendre car il aime profondément la culture japonaise ou okinawaise et la geisha aime la manière dont il la respecte.

Malgré quelques petites erreurs dans les kanjis du titre du film, et la question de "yellowface", la culture japonaise et okinawaise (avec des vraies musiques d'Okinawa et le célèbre Sakura sakura par exemple) sont assez bien représentées sans amalgame et la langue japonaise assez exacte. Le film est subtil et drôle, et est également adapté du pulitzer éponyme, n'est-ce-pas un signe de qualité ?


Ps : pour ceux qui se scandalisent sur le fait que Brando incarne un japonais, je trouve pas mal réussi par rapport à ce qu'à fait Angelina Jolie dans "A mighty heart". Ou alors plus léger mais plus scandaleux : Le dernier maitre de l'air de Shyamalan, où le changement ne correspond carrément plus au contexte culturel des personnages.

jeudi 29 juillet 2010

Le magasin des suicides

Je viens de me faire un livre intitulé "Le magasin des suicides" par Jean Teulé. En 4ème de couverture, une critique élogieuse du truc en disant : "[...] une fable déconcertante, grinçante et irrespectueuse, digne des Monty Python au mieux de leur forme [...]" (mouais). Pour résumer, c'est l'histoire d'une famille de névrosés (des parents lugubres, des enfants emos) qui tient un magasin qui vend des trucs pour se foutre en l'air mais l'arrivée du petit dernier chamboule tout étant donné que c'est un vrai chérubin qui répand la joie de vivre. Je vous en parle mais en évitant autant que possible de spoiler (si vous avez envie de le lire après ça).

Tout d'abord, l'humour est pas mal, noir, mordant et sans pitié. Le suicide est devenu légalisé et une pratique courante, banale (un peu comme l'Endjoy à Zalem dans le manga Gunnm). On devine que ça se passe dans le futur, les sociétés ayant l'air d'avoir fusionné, nos habitudes du XXIème siècle décrites comme anciennes... Les religions aussi d'ailleurs, et elles ne sont pas épargnées par l'ironie du texte (ex: les voleurs de la tour Bouddha). Pour le principe d'un humour noir et de tournage en dérision d'un sujet grave je dis yes mais le reste, je ne l'ai pas trouvé folichon. Et en plus on a 1 ou 2 scènes "croustillantes" (enfin faut lire entre les lignes un peu), qui n'étaient pas tellement utiles à mon avis.

Premièrement, l'écriture, j'adhère pas trop. D'ailleurs c'est "à la manière de Jean Teulé" que j'écris cet article de blog en ce moment. L'oralité rend bien, quand ce sont les personnages qui parlent ou pensent, mais pas quand c'est le narrateur omniscient. Exemple :
"la cliente saoulée par ces énumérations ne sait plus que penser"
"Marilyn chiale à nouveau"
"elle aurait bien écouté, elle, la suite des news"

Deuxièmement, "l'onomastique". Je trouve que les personnages ont des noms pourris : Mishima Teuvache, Lucrèce, Vincent, Marylin et Alan. J'avoue ne pas avoir compris la référence avec Lucrèce. La référence avec Mishima (l'écrivain japonais) est assez drôle surtout que le père s'entoure de l'ambiance "seppuku" (hara kiri pour ceux qui ne savent pas) mais Vincent l'artiste et Marylin la bimbo caricaturent un peu trop leurs homonymes célèbres et réels.

Troisièmement, le personnage d'Alan lui-même. Extrêment positif, il aurait pu être attachant mais au contraire il paraît extrêmement attardé et innocent même s'il a toute conscience de la mort. Mais je pense que c'était intentionnel de la part de l'auteur.

Les bons points se trouvent dans les détails, les petites phrases cyniques et ce qui concerne la vie domestique. On a l'impression que le futur est moche, que le métissage ça n'a mené à rien (ni mieux ni pire) et que le mal-être une maladie de l'évolution ultime de la société. L'histoire commençait bien mais on ne sait pas trop où on va, malgré ça, on s'y attendait un peu à la fin. D'ailleurs Alan et la fin du livre me font vraiment beaucoup penser à "Tistou et les pouces verts" de Maurice Druon (de l'Acââdémie française), que je n'ai pas tellement aimé (même personnage naïf et angélique).

A vous de vous faire votre avis. Il y a un dessin animé qui va sortir dans quelques mois et je pense que ça passera mieux, car l'écriture est dans le fond, très graphique et dynamique.

vendredi 21 mai 2010

Mammuth

Ce film, ce n'est pas une histoire qu'on nous raconte, mais une émotion...

Comme il est quasiment impossible d'en faire un résumé (complet et intéressant), je vous mets directement le synopsis :

Serge Pilardosse vient d’avoir 60 ans. Il travaille depuis l’âge de 16 ans, jamais au chômage, jamais malade. Mais l’heure de la retraite a sonné, et c’est la désillusion : il lui manque des points, certains employeurs ayant oublié de le déclarer !

Poussé par Catherine, sa femme, il enfourche sa vieille moto des années 70, une « Mammut » qui lui vaut son surnom, et part à la recherche de ses bulletins de salaires.

Durant son périple, il retrouve son passé et sa quête de documents administratifs devient bientôt accessoire…

Le film est donc présenté comme un road-trip et en plus on voit Depardieu rouler sur sa moto sur l'affiche. Les réalisateurs font même le parallèle avec Ulysse. Grâce au road-trip donc, on rencontrera des personnages sur fond de critique de la société française mais qui manque de profondeur parfois. Ici on aura en plus des situations grotesques (par exemple Ulysse/Mammuth qui retrouve Pénélope/Catherine en train de se raser les aisselles, ou encore lorsqu'il reste coincé dans ses toilettes), des personnages pas caricaturaux mais singuliers et une pudeur des émotions. Depardieu est énorme, tant physiquement qu'au niveau du charisme, les autres acteurs (des passants comme le disent Kervern et Delépine) même avec de petites scènes arrivent à montrer beaucoup de choses mais subtilement. Je ne vous fait donc pas de résumé pour ce film mais plutôt vous faire revivre les rencontres que ce Depardieu au physique d'ours mais au cœur d'enfant va faire au long de ce film tout en détails.

Beaucoup de rencontres sont anecdotiques, elles ne font pas avancer l'histoire mais participent à faire que l'ambiance du film se désenchante mais en douceur et souvent dans ces moment-là, on est plongés dans le point de vue de Mammuth puisqu'on est littéralement derrière son dos. énorme. Par exemple, une scène marrante mais à la fois triste est celle du restaurant où 3 hommes sont en train de diner en face de lui et dont un qui semble téléphoner à sa fille et s'épanche de façon peu pudique. Il fini par éclater en sanglots ce qui provoque le rire chez ses voisins de table. Benoît Poelvoorde est aussi très bien en beauf méthodique chasseur de trésors sur les plages.

Quelques rencontres méritent qu'on s'y attarde dessus : d'abord rencontre dans le Super U où travaille la femme de Serge, avec un boucher mal embouché si l'on peut dire. D'abord poli mais sans plus, il fini par envoyer paître Serge et la discussion se transforme en une sorte de chamaillerie entre grosses gueules. Vous reconnaitrez en passant Gustave Kervern dans le rôle de boucher aigri, ça démarre fort pour une première rencontre. Oui tiens, d'ailleurs dans ce film on penserait qu'étant donné son physique, Mammuth pourrait casser la gueule à tout le monde mais en fait il subit. Il se fait éconduire, rembarrer méchamment mais se tait toujours, la tension est palpable mais rien n'éclate, même lorsqu'il poursuit un mec en bagnole il se content juste de lui dire : c'est pas bien !
D'ailleurs sa nièce le lui fait remarquer lorsqu'elle fait une statue de lui :
"Le ouistiti c'est ton zizi"
"C'est bien fait"

"Oui c'est bien fait pour toi."


Au sujet de la rencontre avec la nièce, c'est la plus bizarre du film (après la scène de branlette avec son vieux cousin je pense). Je ne suis pas tellement convaincue par Miss Ming, dans son trip d'accord mais énervante et parfois pas tellement naturelle sauf dans la scène de demande d'emploi. Par contre son univers glauque, kitsch et art brut est assez bien réussi, c'est comme un jardin du pays des merveilles d'Alice mais trash.

Sinon à noter la présence d'Isabelle Adjani en fantôme accompagnant Serge comme une sorte de conscience, c'est elle qui lui dit de se bouger le cul pour finir. Elle d'ailleurs est très bonne dans le film : vieille/jeune/vieille, elle représente un amour de jeunesse tragique et en tant que revenant son regard est effrayant, à la fois doux et complètement lugubre, ses yeux sont restés hagards à tout jamais.

Les femmes semblent donc être importantes dans ce film (surtout l'épouse qui est à l'origine de la plupart des moments drôles), déjà c'est devant l'insistance de sa femme que Mammuth se décide à partir à la recherche des papiers manquants. Le voyage n'est qu'une suite de mésaventures : portes closes, gens peu serviables et même une fausse handicapée mais véritable escroc, un peu comme ces jeunes autostoppeuses dans les films américains dont on sait qu'il faut se méfier tout de suite. En outre, la femme de Mammuth aussi a eu son moment "a l'américaine" ou son presque road-trip lorsqu'elle apprend que son mari s'est fait tirer son portable, elle nous refait presque Thelma et Louise avec son imposante amie. D'abord très remontées, c'était les beaufes se rebellent, la vengeance des moches ou encore les travailleuses font la révolution... ou pas.



Pour le côté technique, le film est tourné en 8mm, ce qui donne un grain et un charme particulier au film mais le rend parfois désagréable à regarder ou assez fade pour les yeux. A remarquer que certains plans sont des images qu'Isabelle Adjani a tournées en super 8 autour de Depardieu. Beaucoup de gros plans sont faits sur le dos ou sur le visage de Depardieu, soulignant ainsi son aspect maladroit ou un peu renfermé sur lui même. Par contre les détails scénaristiques sont souvent en voix-off, il faut rester attentif. Par exemple en faisant attention on apprend que Serge et sa femme Catherine se sont rencontrés lorsqu'il voulait se suicider (c'est quand même pas pratique pour les malentendants du coup).

Je ne conseillerais pas vraiment ce film, il ne représente pas grand intérêt mais il reste bon dans son genre (lequel ?). Je ne regrette pas de l'avoir vu mais certains passages sont lourds malgré que les acteurs ou les situations soient bons et on a parfois une impression de remplissage en attendant le but ultime d'un road-trip qu'est l'évasion. Si vous vous attendiez à quelque chose d'extrêmement déjanté par les auteurs du Groland, passez votre chemin !

mercredi 19 mai 2010

Bene et vaux-le

Être bénévole pour des assos ou des événements ça peut parfois paraitre comme de l'exploitation mais à la fin la récompense nous fait quand même oublier les petits tracas. Bon, il est vrai que les bénévoles, étant donnés qu'ils ne sont ni pros ni salariés, on les fait faire des tâches assez ingrates ou peu enrichissantes. Mais, on fait l'effort de nous donner des contreparties assez cool : pass pour des concerts, voir des films gratuits à volonté, faire bien dans le CV...

Je vous dit tout ça car en fait, j'avais envie de vous montrer le petit truc qu'on m'a donné lorsque que j'ai participé vite fait à un fameux festival rennais :

En fait c'est une clé USB ! Ca m'a fait beaucoup rire parceque pour moi, ça ressemble vraiment à un mini-vous-savez-quoi...

jeudi 13 mai 2010

Art Rock

Festival chez les paumés, du rock à la campagne.

Comme vous l'avez compris il y a un festival de musique un peu branchée qui va avoir lieu à Saint-Brieuc, Côtes d'Armor, Bretagne. C'est pas le plus paumé comme coin de la région, mais l'ambiance de la ville est assez spéciale...
Mais étonnamment la prog d'Art rock est toujours de qualité, l'année dernière ils avaient eu les Naive New Beaters entre autres et ils ont même eu M il y a quelques années !

Cette année j'hésite à y aller, c'est surtout samedi 22 qui m'intéresse : Mick Jones et Rachid Taha, Pete Doherty, Caravan Palace...mais aussi Coeur de Pirate (argh !). Moi j'avoue que c'est Mick Jones (ancien guitariste des Clash) qui m'intéresse vraiment, dommage qu'il soit affublé de son accolyte raïolisant mais j'avoue que leur reprise de Rock the Casbah est sympa. Ce qui me dissuaderai vraiment d'y aller c'est Cœur de Pirate, déjà je trouve ça un peu nul comme nom de scène (pile dans la mode des pirates des caraïbes !?). J'ai très envie de voir Pete Doherty aussi, ça serait la première fois, mais, va-t-il réellement venir cette fois ?

Bon je vous laisse avec la reprise de Rachid Taha, hommage.





vendredi 7 mai 2010

Life During Wartime

Film de Todd Solondz, il est la suite de Happiness que je n'ai pas vu. C'est mal parti : je suis encore en retard, la qualité des sous-titres est pourrie et le film est pas drôle du tout... Sauf si vous aimez rire des puceaux de 40 ans et des enfants violés.

Life during war time démarre fort : une scène de couple particulière où le mari se fait cracher dessus et où il tente de convaincre se femme qu'il n'a pas replongé dans le crack, la coke, l'herbe, j'en passe et des meilleurs... La femme fatiguée de vouloir sauver le monde, essaie cette fois de retrouver refuge dans sa famille déjà déséquilibrée : une mère imposante, Trish l'ainée qui se prend pour un exemple et Helen la sœur maladivement mégalomane. Quant à l'héroïne Joy une sorte de hippie paumée, on ne sait si elle est jeune et moche, vieille et jolie ou vice versa mais elle a un physique et une voix étranges (Shirley Henderson ayant tenu le rôle de Mimi Geignarde dans Harry Potter, vous imaginez assez bien le bout de femme).

Par trois fois Joy tente de trouver du réconfort auprès de ces femmes mais se heurte à leurs propres problèmes, plus ou moins graves (tentative de remariage et retour du père pédophile pour Trish et problème d'égocentrisme pour Helen) et repart chaque fois déçue sans solution mais le pire c'est qu'elle s'excuse continuellement. Dès son arrivée, sa dondon de mère se met à la culpabiliser. Deuxièmement, son aînée de sœur commence à lui faire la leçon remettant en cause toute sa vie et ses convictions (Joy végétarienne travaillant avec des taulards). Et troisièmement, sa superstar de sœur joue la condescendante et fausse modeste avec ça : non elle n'a pas coupé les ponts avec ses origines, oui la poésie c'est trop fastoche, pff c'est normal que je me tape Keanu (Reeves ?) ! Ses réponse, Joy les trouvera finalement d'elle-même à l'aide de vieux fantômes, réels ou "concrétisant" ses doutes ? Elle finira par affirmer sa personnalité et sa volonté d'aller de l'avant en refusant de se suicider.

Le cycle de Joy était terminé dès lors qu'elle voulut retourner auprès de son toxicomane lasse de toutes ces stupidités, mais trop tard puisqu'il avait déjà effectué la connerie de sa vie. On se demande presque ce qu'ils faisaient ensemble : lui est noir et immigré et elle blanche et juive. L'histoire de l'ainée Trish est aussi très importante dans le film, c'est elle qui a des enfants. L'ainé est à la fac et se voit confronté à son père pédophile rééduqué, Timmy qui s'interroge sur l'homosexualité et la pédophilie, et la benjamine complètement tordue qui prend du lithium ou par défaut du prozac, en plus elle ne suit même pas de vrais cours de chant mais une version beaucoup plus beauf, le karaoké. Par chance la mère avait rencontré Harvey, un homme vraiment pas terrible affublé d'un grand geek de 40 ans qui semblait presque être la voix cynique mais morale du film jusqu'à ce qu'il nous sorte ses réflexions sur la Chine (à la fin du film notamment). Pourtant sur un malentendu, tous les espoirs de former une famille recomposée volent en éclats. En effet, Timmy prenant son rôle d'homme de la maison très à cœur fit entrer le futur époux dans sa chambre et crut qu'il voulait s'en prendre à lui.

Le père, ancien pédophile a aussi quelques scènes significatives comme lorsqu'il croise un petit garçon et lui sourit par politesse ou perversité ? Ou alors lorsqu'il sert de gigolo pour une Charlotte Rampling aigrie au regard à la fois charismatique et glacial.

Le film n'était pas très compliqué à comprendre et sa qualité viendrait plus du choix esthétique du réalisateur et du jeu des acteurs. L'humour se trouve vraiment nulle part autre que dans le détachement émotionnel des personnages sur des situations bizarres et dérangeantes.

Je vous mets des morceaux choisi par mes soins pour que vous compreniez un peu l'ambiance du film :
Timmy : "Les enfants m'ont traité de pédale et ont dit que papa était pédophile, et moi je me suis enfui comme une grosse pédale !"
Trish : "Timmy, je te jure que personne ne t'enfoncera quoique ce soit tant que je serai là."
Le geek : "Pardonner et oublier, c'est comme liberté et démocratie, tout ça n'aura plus d'importance quand la Chine aura dominé le monde."

Le film se passe presque en huis-clos toujours dans des pièces de maison ou des espaces étouffants et les plans sont souvent très rapprochés et statiques. En ce qui concerne l'histoire, pour Joy je dirais que son histoire est cyclique (les scènes cruciales de discussion dans les cafés), concernant Trish je dirais que quoiqu'elle désire elle sera toujours submergée par ses enfants. Quant à Helen j'ai pas grand chose à dire sauf peut-être qu'elle représente la voix du réalisateur lorsqu'elle dit : "Il est difficile de faire un bon scénario" . Et tout ça sur fond de pardon et d'oubli.

Tout se joue à la bar mitzvah du petit. Il devient un homme, Joy se débarrasse de ses fantômes. et même la sœur prodige est présente Mais je me pose quand même une question : pourquoi des juifs ? Je n'ai pas l'impression que c'est forcément un élément majeur du film et même que dans l'histoire les indices juifs sont d'abord subtils puis explicites : la mère est jouée par Renée Taylor (Silvia Fine dans Une nounou d'enfer), ils habitent en Floride (le rêve de retraite de tous les juifs des USA ?), Trish commande une salade avec la sauce à part (ça ne doit pas être un mélange kasher alors), son homme est un vrai "mensch" qui aime Israël, le fils de Harvey qui réclame ironiquement un truc un peu plus "juif" lorsque que la petite fait l'enfant de choeur et enfin le point culminant avec la bar mitzvah etc. Je reste du coup perplexe, on dirait qu'il n'y a que la grande sœur qui est juive, pour les autres on dirait qu'on s'en fout.

D'habitude dans les films les juifs sont dépeints de façon folklorique ou avec humour même noir, tellement qu'on a presque parfois envie d'être juifs nous-mêmes. Mais là dans Life during wartime, non. Malgré leur judaïsme, c'est une famille américaine, le film se passe aux États-Unis. Le mot terrorisme revient même souvent, et la fin nous sert une morale judéo-chrétienne : le besoin d'un père et le pardon miséricordieux. Tout ça sans vraie critique au fond, même si la scène du café de nuit est ridicule et que ça parle pendant 10 secondes de Mc Cain.

Pour conclure, je ne sais pas si je conseillerais ce film. A voir peut-être si vous êtes amateurs de films indépendants. J'ai lu que le film n'avait pas tellement de bonnes critiques et qu'il y manquait l'humour au vitriol selon l'Express mais il reste tout de même riche en détails. Une dernière remarque aussi sur la bande originale... originale voire non-assortie. D'ailleurs même le titre est bizarre, il renvoie à une chanson sur le Vietnam ?!

vendredi 23 avril 2010

New York, I Love You

C'est le premier film que je vois depuis un mois de bénévolat dans ce cinéma et de plus je suis doublement en retard car c'est un film qui date d'octobre 2009.

Dans le guide : pas de résumé mais une apologie de la grosse pomme fascinante, vertigineuse et pleine d'émotions. L'affiche du film présente celui-ci comme une sorte de Paris, je t'aime (quelle originalité dans le titre) et comme un collage de tranches de vies de plusieurs personnages mises ensemble. On peut donc supposer que New York, I Love You c'est Paris je t'aime à l'américaine. J'avoue que j'avais peur de tomber sur un film intello-mièvre et sophistiqué vu le titre et la flopée d'acteur connus ou dont on connaît très bien le visage mais pas le nom. Toutefois je n'ai pas vu Paris je t'aime, alors je ne savais pas à quoi m'attendre. Par contre j'aime assez New York et son charme cosmopolite, vieillot et parfois bohémien.


Je savais que le film avait plusieurs réalisateurs différents qui s'étaient occupés chacun d'une partie du film, je m'attendais à des courts métrages bien distingués des uns des autres comme dans New York Stories. Mais ici il s'agit bien d'un seul film avec différentes histoires imbriquées qui sont en fait une seule et même car on le comprend à la fin. Les histoires se suivent et ont une certaine continuité entre les personnages avec des scènes de transition dans leur vie quotidienne en tant qu'habitant de New York, sauf peut-être 1 ou 2 sections qui laissent un peu perplexe...

Tout d'abord je suis arrivée en retard, j'ai donc ratée la première section mais on m'avait prévenu qu'elle était moins bonne et aussi je trouve que Hayden Christensen n'est pas un très bon acteur, donc pas de regret. Par contre la suite nous met un peu plus dans le bain : 2 personnages, un indien jainiste et une juive hassidique dans une négociation pour l'achat d'un diamant. Non seulement ils comprennent la langue de l'autre mais aussi ils se découvrent une sorte de lien spirituel. A noter que Natalie Portman est magnifique, même chauve !

Section suivante, j'ai trouvé l'histoire assez attachante dans une banalité originale (lol). C'est l'histoire d'un mec, un compositeur de musique de dessin animé (Orlando Bloom), qui commence à développer une relation avec l'assistante de son producteur mais il ne l'a jamais rencontrée ni vu son visage, il sait juste qu'elle a une voix très sympathique et beaucoup d'esprit. Le mystère étant attirant, il insiste un peu puis fini par abandonner stressé par le poids du travail que lui donne son patron. Mais ce travail était-il peut-être juste un prétexte ?


La scène suivante (réalisée par Yvan Attal) met en scène 2 "couples" ou plutôt 2 duos sur le même mode opératoire qu'est de sortir dans la rue fumer sa cigarette. La première rencontre est plutôt cocasse avec un homme (Ethan Hawke) utilisant son bagou volubile afin de séduire une belle asiatique, il commence à jouer l'expert "sexuel" alors que la jeune femme se révèle être elle-même une...professionnelle du sexe La seconde rencontre joue plutôt dans la provocation avec une femme dans le début de son bel âge (Robin Wright) qui tente d'allumer (cigarette et "cigare") un inconnu juste pour se tester.

New York nous est ensuite présentée à travers les yeux et la réflexion d'un adolescent dont la principale inquiétude est de se faire déniaiser mais malheureusement sa petite amie (Blake Lively) l'a laissé tomber 2 jours avant le bal de promotion, son pharmacien lui propose alors sa propre fille. Ô surprise, elle est handicapée et en plus il doit se plier à ses 4 volontés. Mais la belle n'est pas ingrate et le récompense d'une façon bien particulière... Méfiez-vous de la méthode stanislavski !

Ensuite le film devient plus sensuel, avec l'histoire d'un couple et d'un "plan cul" d'une nuit (one night stand) qui se transformerait presque en vraie histoire et pourtant rien ne les attirait forcément l'un vers l'autre, ni l'âge ni le style. On rentre dans la psychologie homme et femme pendant le processus de "tomber amoureux".


La section suivante me laisse assez perplexe, je n'ai pas très bien compris ce qu'il se passait mais une chose sûre est l'esthétisme : façon de filmer, couleurs, contrastes de lumières... Shia LaBeouf est très touchant en Quasimodo et sa courte relation avec la vieille chanteuse d'opéra emprunte d'élégance et de pudeur. Je ne sais pas si Shia était un fantôme du passé ou un être humain ignoré de tous, mais la nostalgie et la tristesse règnent dans la scène. " Vous êtes trop jeune pour être si triste" lui dit-elle avant qu'il ne disparaisse.

Plus de gaîté maintenant ! On suit une petite fille et son papa, l'une est blanche et l'autre est de type métis/latino. On se demande ce qu'ils font à déambuler dans central park comme ça, mais en tout cas il est évident qu'ils s'aiment très fort, tant et si bien que les nounous du parc le complimentent en lui disant qu'il est un très bon M. Nounou (a man nanny). Ce qui le laisse perplexe tout de même car en réalité il est un danseur reconnu et s'occupe de sa fille à cause de la démission de la mère (qui semble avoir refait sa vie avec un monsieur assez riche). J'ai été étonnée de voir que la réalisatrice n'est autre que Natalie Portman, elle signe aussi le scénario de cette partie du film et le travail est à la fois esthétique et critique sur les préjugés sociaux.

En parlant d'esthétique, la partie suivante narre l'histoire d'un peintre un peu obsédé par une jeune herboriste du quartier chinois, mais obsédé dans une recherche de muse. Il est subjugué par son regard en amande. J'ai bien aimé l'idée de peindre avec de la sauce soja, comme un effet brou de noix. On voit le peintre s'évanouir en plein travail et se réveiller à la recherche de la jeune fille pour lui proposer de lui faire son portrait, lorsqu'elle se décide, elle apprend que le peintre est mort et se voit proposer le loft de l'artiste sans ménagement. A-t-elle été hanté par le fantôme de l'artiste ? En tout cas elle retrouve son portrait dont il ne manquait que les yeux et qu'elle fini par rajouter elle même, lui donnant une âme ou achevant ainsi le travail de l'artiste.

Un peu d'humour cette fois avec ce couple de personnes âgées. ici c'est une vraie tranche de vie d'un couple qui se plaint des enfants, se taquine, faisant attention à l'autre de façon un peu rude mais toujours follement amoureux. On découvre qu'ils ont traversé la ville et failli "mourir" d'épuisement ou renversés par des voitures, juste pour commémorer leur anniversaire de mariage face à la mer, mais leur moment de béatitude est interrompue, le rêve se faisant rattraper par la réalité urbaine. Et c'est reparti !

Dernière partie du film, où l'on comprend le lien entre tous les protagonistes, comment a été a saisi le quotidien fantastique des new yorkers quel que soit leur métier, leur race, leur âge... Le film n'a pas vraiment de fin, la vie à New York est infinie, des quotidiens peu banals il y en aura toujours et chaque habitant en serait le héros.

On sort de ce film avec le sourire mais marqué d'une petite nostalgie. Il faut aimer New York et accepter son image fantasmée pour apprécier ce film. A ce qu'il parait le cycle de films de ce genre sur les grandes villes continue et apparemment Shanghai wo ai ni et Rio eu te amo sont en préparation avec un film sur Jérusalem entre les 2.