vendredi 21 mai 2010

Mammuth

Ce film, ce n'est pas une histoire qu'on nous raconte, mais une émotion...

Comme il est quasiment impossible d'en faire un résumé (complet et intéressant), je vous mets directement le synopsis :

Serge Pilardosse vient d’avoir 60 ans. Il travaille depuis l’âge de 16 ans, jamais au chômage, jamais malade. Mais l’heure de la retraite a sonné, et c’est la désillusion : il lui manque des points, certains employeurs ayant oublié de le déclarer !

Poussé par Catherine, sa femme, il enfourche sa vieille moto des années 70, une « Mammut » qui lui vaut son surnom, et part à la recherche de ses bulletins de salaires.

Durant son périple, il retrouve son passé et sa quête de documents administratifs devient bientôt accessoire…

Le film est donc présenté comme un road-trip et en plus on voit Depardieu rouler sur sa moto sur l'affiche. Les réalisateurs font même le parallèle avec Ulysse. Grâce au road-trip donc, on rencontrera des personnages sur fond de critique de la société française mais qui manque de profondeur parfois. Ici on aura en plus des situations grotesques (par exemple Ulysse/Mammuth qui retrouve Pénélope/Catherine en train de se raser les aisselles, ou encore lorsqu'il reste coincé dans ses toilettes), des personnages pas caricaturaux mais singuliers et une pudeur des émotions. Depardieu est énorme, tant physiquement qu'au niveau du charisme, les autres acteurs (des passants comme le disent Kervern et Delépine) même avec de petites scènes arrivent à montrer beaucoup de choses mais subtilement. Je ne vous fait donc pas de résumé pour ce film mais plutôt vous faire revivre les rencontres que ce Depardieu au physique d'ours mais au cœur d'enfant va faire au long de ce film tout en détails.

Beaucoup de rencontres sont anecdotiques, elles ne font pas avancer l'histoire mais participent à faire que l'ambiance du film se désenchante mais en douceur et souvent dans ces moment-là, on est plongés dans le point de vue de Mammuth puisqu'on est littéralement derrière son dos. énorme. Par exemple, une scène marrante mais à la fois triste est celle du restaurant où 3 hommes sont en train de diner en face de lui et dont un qui semble téléphoner à sa fille et s'épanche de façon peu pudique. Il fini par éclater en sanglots ce qui provoque le rire chez ses voisins de table. Benoît Poelvoorde est aussi très bien en beauf méthodique chasseur de trésors sur les plages.

Quelques rencontres méritent qu'on s'y attarde dessus : d'abord rencontre dans le Super U où travaille la femme de Serge, avec un boucher mal embouché si l'on peut dire. D'abord poli mais sans plus, il fini par envoyer paître Serge et la discussion se transforme en une sorte de chamaillerie entre grosses gueules. Vous reconnaitrez en passant Gustave Kervern dans le rôle de boucher aigri, ça démarre fort pour une première rencontre. Oui tiens, d'ailleurs dans ce film on penserait qu'étant donné son physique, Mammuth pourrait casser la gueule à tout le monde mais en fait il subit. Il se fait éconduire, rembarrer méchamment mais se tait toujours, la tension est palpable mais rien n'éclate, même lorsqu'il poursuit un mec en bagnole il se content juste de lui dire : c'est pas bien !
D'ailleurs sa nièce le lui fait remarquer lorsqu'elle fait une statue de lui :
"Le ouistiti c'est ton zizi"
"C'est bien fait"

"Oui c'est bien fait pour toi."


Au sujet de la rencontre avec la nièce, c'est la plus bizarre du film (après la scène de branlette avec son vieux cousin je pense). Je ne suis pas tellement convaincue par Miss Ming, dans son trip d'accord mais énervante et parfois pas tellement naturelle sauf dans la scène de demande d'emploi. Par contre son univers glauque, kitsch et art brut est assez bien réussi, c'est comme un jardin du pays des merveilles d'Alice mais trash.

Sinon à noter la présence d'Isabelle Adjani en fantôme accompagnant Serge comme une sorte de conscience, c'est elle qui lui dit de se bouger le cul pour finir. Elle d'ailleurs est très bonne dans le film : vieille/jeune/vieille, elle représente un amour de jeunesse tragique et en tant que revenant son regard est effrayant, à la fois doux et complètement lugubre, ses yeux sont restés hagards à tout jamais.

Les femmes semblent donc être importantes dans ce film (surtout l'épouse qui est à l'origine de la plupart des moments drôles), déjà c'est devant l'insistance de sa femme que Mammuth se décide à partir à la recherche des papiers manquants. Le voyage n'est qu'une suite de mésaventures : portes closes, gens peu serviables et même une fausse handicapée mais véritable escroc, un peu comme ces jeunes autostoppeuses dans les films américains dont on sait qu'il faut se méfier tout de suite. En outre, la femme de Mammuth aussi a eu son moment "a l'américaine" ou son presque road-trip lorsqu'elle apprend que son mari s'est fait tirer son portable, elle nous refait presque Thelma et Louise avec son imposante amie. D'abord très remontées, c'était les beaufes se rebellent, la vengeance des moches ou encore les travailleuses font la révolution... ou pas.



Pour le côté technique, le film est tourné en 8mm, ce qui donne un grain et un charme particulier au film mais le rend parfois désagréable à regarder ou assez fade pour les yeux. A remarquer que certains plans sont des images qu'Isabelle Adjani a tournées en super 8 autour de Depardieu. Beaucoup de gros plans sont faits sur le dos ou sur le visage de Depardieu, soulignant ainsi son aspect maladroit ou un peu renfermé sur lui même. Par contre les détails scénaristiques sont souvent en voix-off, il faut rester attentif. Par exemple en faisant attention on apprend que Serge et sa femme Catherine se sont rencontrés lorsqu'il voulait se suicider (c'est quand même pas pratique pour les malentendants du coup).

Je ne conseillerais pas vraiment ce film, il ne représente pas grand intérêt mais il reste bon dans son genre (lequel ?). Je ne regrette pas de l'avoir vu mais certains passages sont lourds malgré que les acteurs ou les situations soient bons et on a parfois une impression de remplissage en attendant le but ultime d'un road-trip qu'est l'évasion. Si vous vous attendiez à quelque chose d'extrêmement déjanté par les auteurs du Groland, passez votre chemin !

mercredi 19 mai 2010

Bene et vaux-le

Être bénévole pour des assos ou des événements ça peut parfois paraitre comme de l'exploitation mais à la fin la récompense nous fait quand même oublier les petits tracas. Bon, il est vrai que les bénévoles, étant donnés qu'ils ne sont ni pros ni salariés, on les fait faire des tâches assez ingrates ou peu enrichissantes. Mais, on fait l'effort de nous donner des contreparties assez cool : pass pour des concerts, voir des films gratuits à volonté, faire bien dans le CV...

Je vous dit tout ça car en fait, j'avais envie de vous montrer le petit truc qu'on m'a donné lorsque que j'ai participé vite fait à un fameux festival rennais :

En fait c'est une clé USB ! Ca m'a fait beaucoup rire parceque pour moi, ça ressemble vraiment à un mini-vous-savez-quoi...

jeudi 13 mai 2010

Art Rock

Festival chez les paumés, du rock à la campagne.

Comme vous l'avez compris il y a un festival de musique un peu branchée qui va avoir lieu à Saint-Brieuc, Côtes d'Armor, Bretagne. C'est pas le plus paumé comme coin de la région, mais l'ambiance de la ville est assez spéciale...
Mais étonnamment la prog d'Art rock est toujours de qualité, l'année dernière ils avaient eu les Naive New Beaters entre autres et ils ont même eu M il y a quelques années !

Cette année j'hésite à y aller, c'est surtout samedi 22 qui m'intéresse : Mick Jones et Rachid Taha, Pete Doherty, Caravan Palace...mais aussi Coeur de Pirate (argh !). Moi j'avoue que c'est Mick Jones (ancien guitariste des Clash) qui m'intéresse vraiment, dommage qu'il soit affublé de son accolyte raïolisant mais j'avoue que leur reprise de Rock the Casbah est sympa. Ce qui me dissuaderai vraiment d'y aller c'est Cœur de Pirate, déjà je trouve ça un peu nul comme nom de scène (pile dans la mode des pirates des caraïbes !?). J'ai très envie de voir Pete Doherty aussi, ça serait la première fois, mais, va-t-il réellement venir cette fois ?

Bon je vous laisse avec la reprise de Rachid Taha, hommage.





vendredi 7 mai 2010

Life During Wartime

Film de Todd Solondz, il est la suite de Happiness que je n'ai pas vu. C'est mal parti : je suis encore en retard, la qualité des sous-titres est pourrie et le film est pas drôle du tout... Sauf si vous aimez rire des puceaux de 40 ans et des enfants violés.

Life during war time démarre fort : une scène de couple particulière où le mari se fait cracher dessus et où il tente de convaincre se femme qu'il n'a pas replongé dans le crack, la coke, l'herbe, j'en passe et des meilleurs... La femme fatiguée de vouloir sauver le monde, essaie cette fois de retrouver refuge dans sa famille déjà déséquilibrée : une mère imposante, Trish l'ainée qui se prend pour un exemple et Helen la sœur maladivement mégalomane. Quant à l'héroïne Joy une sorte de hippie paumée, on ne sait si elle est jeune et moche, vieille et jolie ou vice versa mais elle a un physique et une voix étranges (Shirley Henderson ayant tenu le rôle de Mimi Geignarde dans Harry Potter, vous imaginez assez bien le bout de femme).

Par trois fois Joy tente de trouver du réconfort auprès de ces femmes mais se heurte à leurs propres problèmes, plus ou moins graves (tentative de remariage et retour du père pédophile pour Trish et problème d'égocentrisme pour Helen) et repart chaque fois déçue sans solution mais le pire c'est qu'elle s'excuse continuellement. Dès son arrivée, sa dondon de mère se met à la culpabiliser. Deuxièmement, son aînée de sœur commence à lui faire la leçon remettant en cause toute sa vie et ses convictions (Joy végétarienne travaillant avec des taulards). Et troisièmement, sa superstar de sœur joue la condescendante et fausse modeste avec ça : non elle n'a pas coupé les ponts avec ses origines, oui la poésie c'est trop fastoche, pff c'est normal que je me tape Keanu (Reeves ?) ! Ses réponse, Joy les trouvera finalement d'elle-même à l'aide de vieux fantômes, réels ou "concrétisant" ses doutes ? Elle finira par affirmer sa personnalité et sa volonté d'aller de l'avant en refusant de se suicider.

Le cycle de Joy était terminé dès lors qu'elle voulut retourner auprès de son toxicomane lasse de toutes ces stupidités, mais trop tard puisqu'il avait déjà effectué la connerie de sa vie. On se demande presque ce qu'ils faisaient ensemble : lui est noir et immigré et elle blanche et juive. L'histoire de l'ainée Trish est aussi très importante dans le film, c'est elle qui a des enfants. L'ainé est à la fac et se voit confronté à son père pédophile rééduqué, Timmy qui s'interroge sur l'homosexualité et la pédophilie, et la benjamine complètement tordue qui prend du lithium ou par défaut du prozac, en plus elle ne suit même pas de vrais cours de chant mais une version beaucoup plus beauf, le karaoké. Par chance la mère avait rencontré Harvey, un homme vraiment pas terrible affublé d'un grand geek de 40 ans qui semblait presque être la voix cynique mais morale du film jusqu'à ce qu'il nous sorte ses réflexions sur la Chine (à la fin du film notamment). Pourtant sur un malentendu, tous les espoirs de former une famille recomposée volent en éclats. En effet, Timmy prenant son rôle d'homme de la maison très à cœur fit entrer le futur époux dans sa chambre et crut qu'il voulait s'en prendre à lui.

Le père, ancien pédophile a aussi quelques scènes significatives comme lorsqu'il croise un petit garçon et lui sourit par politesse ou perversité ? Ou alors lorsqu'il sert de gigolo pour une Charlotte Rampling aigrie au regard à la fois charismatique et glacial.

Le film n'était pas très compliqué à comprendre et sa qualité viendrait plus du choix esthétique du réalisateur et du jeu des acteurs. L'humour se trouve vraiment nulle part autre que dans le détachement émotionnel des personnages sur des situations bizarres et dérangeantes.

Je vous mets des morceaux choisi par mes soins pour que vous compreniez un peu l'ambiance du film :
Timmy : "Les enfants m'ont traité de pédale et ont dit que papa était pédophile, et moi je me suis enfui comme une grosse pédale !"
Trish : "Timmy, je te jure que personne ne t'enfoncera quoique ce soit tant que je serai là."
Le geek : "Pardonner et oublier, c'est comme liberté et démocratie, tout ça n'aura plus d'importance quand la Chine aura dominé le monde."

Le film se passe presque en huis-clos toujours dans des pièces de maison ou des espaces étouffants et les plans sont souvent très rapprochés et statiques. En ce qui concerne l'histoire, pour Joy je dirais que son histoire est cyclique (les scènes cruciales de discussion dans les cafés), concernant Trish je dirais que quoiqu'elle désire elle sera toujours submergée par ses enfants. Quant à Helen j'ai pas grand chose à dire sauf peut-être qu'elle représente la voix du réalisateur lorsqu'elle dit : "Il est difficile de faire un bon scénario" . Et tout ça sur fond de pardon et d'oubli.

Tout se joue à la bar mitzvah du petit. Il devient un homme, Joy se débarrasse de ses fantômes. et même la sœur prodige est présente Mais je me pose quand même une question : pourquoi des juifs ? Je n'ai pas l'impression que c'est forcément un élément majeur du film et même que dans l'histoire les indices juifs sont d'abord subtils puis explicites : la mère est jouée par Renée Taylor (Silvia Fine dans Une nounou d'enfer), ils habitent en Floride (le rêve de retraite de tous les juifs des USA ?), Trish commande une salade avec la sauce à part (ça ne doit pas être un mélange kasher alors), son homme est un vrai "mensch" qui aime Israël, le fils de Harvey qui réclame ironiquement un truc un peu plus "juif" lorsque que la petite fait l'enfant de choeur et enfin le point culminant avec la bar mitzvah etc. Je reste du coup perplexe, on dirait qu'il n'y a que la grande sœur qui est juive, pour les autres on dirait qu'on s'en fout.

D'habitude dans les films les juifs sont dépeints de façon folklorique ou avec humour même noir, tellement qu'on a presque parfois envie d'être juifs nous-mêmes. Mais là dans Life during wartime, non. Malgré leur judaïsme, c'est une famille américaine, le film se passe aux États-Unis. Le mot terrorisme revient même souvent, et la fin nous sert une morale judéo-chrétienne : le besoin d'un père et le pardon miséricordieux. Tout ça sans vraie critique au fond, même si la scène du café de nuit est ridicule et que ça parle pendant 10 secondes de Mc Cain.

Pour conclure, je ne sais pas si je conseillerais ce film. A voir peut-être si vous êtes amateurs de films indépendants. J'ai lu que le film n'avait pas tellement de bonnes critiques et qu'il y manquait l'humour au vitriol selon l'Express mais il reste tout de même riche en détails. Une dernière remarque aussi sur la bande originale... originale voire non-assortie. D'ailleurs même le titre est bizarre, il renvoie à une chanson sur le Vietnam ?!